mardi 24 février 2015

Une réponse au questionnaire du synode sur la famille

QUESTION 1/8 Comment faire comprendre que le mariage chrétien constitue une expérience de plénitude, et non pas une limite ? Quelles sont les initiatives pastorales qui vous semblent intéressantes en ce sens ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 36 – Du point de vue religieux, le mariage est une vocation Le mariage chrétien est une vocation qui s’accueille par une préparation adéquate au long d’un itinéraire de foi, avec un discernement mûr, et qui ne doit pas seulement être considéré comme une tradition culturelle ou une exigence sociale ou juridique.

R/ Pour faire comprendre que le mariage est une vocation, il faut admettre l'égale dignité entre les différentes vocations auxquelles peuvent être appelés les baptisés. Donc ne pas faire de hiérarchie explicite ou implicite entre vocations religieuses et/ou presbytérales, et vocations au mariage. Cela ne relève en aucun cas d'une quelconque faiblesse spirituelle que de se marier.
Au niveau théologique, il y aurait à creuser plus encore les images bibliques des épousailles entre Dieu et son peuple, entre Dieu et l'Humanité. Les époux pourraient être envisagés comme configurés à Dieu dans leur engagement mutuel. Il n'y aurait pas à configurer plus particulièrement l'époux masculin à la figure divine, puisque dans les images des épousailles, Dieu prend souvent des attributs féminins (utérus qui se contracte, etc.). Ces images des épousailles divines vis-à-vis de l'Humanité seraient par ailleurs un soutien spirituel pour les couples, pour apprendre la patience, la miséricorde, le pardon...
Au niveau de l'engagement caritatif/social de l’Église, la prise au sérieux de ce que le mariage est pleinement sacrement, c'est à dire signe de l'amour de Dieu, devrait pousser nombre de chrétien à s'opposer aux formes sociales qui nient le plus radicalement l'amour gratuit et réciproque du Cantique des cantiques. Il s'agirait donc de s'opposer à toutes formes de prostitution, à l'instar de la vie prophétique d'Osée. Comme Saint-Ignace, en la Maison Sainte-Marthe à Rome, accueillir les personnes prostituées pour leur donner la liberté de sortir de la prostitution. Comme Saint-Augustin au sermon de Bulla Regia, exiger des clients de la prostitution à cesser de l'être.
Au niveau de la préparation au mariage, il s'agirait en toute logique de présenter et concevoir la préparation au mariage comme un parcours de foi. Avec plusieurs difficultés :
  1. que l’Église ne se mette pas en position d'apprendre unilatéralement aux fiancés ce qu'est la foi. S'il on prend au sérieux le fait que l'amour entre deux humains est signe d'amour de Dieu, il faut admettre que dans l'amour que ressentent ces êtres, Dieu précède l’Église et son discours. Il y a du Cantique de cantiques en chaque couple d'amoureux. Il y aurait donc une dimension importante de relecture de vie. L’Église aurait donc à prendre plus conscience qu'elle peut être évangélisée par le témoignage des couples mariés. Il y aurait à inventer des moyens (rites ? Rencontres ? ) pour laisser manifester ce qu'expérimentent de la foi et de l'amour les couples engagés dans cette vocation particulière.
  2. Que l'articulation entre foi ecclésiale et amour dans le couple ne se fasse pas que sous forme intellectuelle, afin de ne pas mettre de côté celles et ceux pour qui cette manière de communiquer leur expérience intime n'est pas la plus spontanée. Inventer, ou renouveler donc des manières de manifester comment l'amour humain est à l'image de l'amour divin, par des célébrations, des chants, des chorégraphies, etc.
  3. ne pas avoir une vision magique et ponctuelle du sacrement. Le sacrement du mariage, si on prend au sérieux tous ce qu'implique ce que l'on signifie par là, dure autant de temps que s'aiment les époux, par les différents moyens par lesquels ils manifestent l'un à l'autre leur amour. Peut être y aurait-il des parallèles à faire entre le sacrement de communion, qui se renouvelle à chaque eucharistie, et le sacrement du mariage. Réfléchir aussi au lien entre la parentalité et le sacrement du mariage. Quel renouvellement de ce qui a été vécu le jour de la cérémonie du sacrement, que de vivre dans sa chair la fécondité ! Quel autre aspect de l'amour divin s'incarne quand on accueille sans condition un être dont on ne sait rien, et qu'on aime sans preuve de ce qu'il sera...
En conclusion à cette question, il y aurait à revisiter le sens du mot « fidélité ». Le débarrasser de sa sclérose autour de l'idée d'un engagement névrosé à n'avoir de relation sexuelle qu'avec une seule personne, pour retrouver son lien étymologique avec la Foi, donc un engagement à se fier à un(e) autre.


QUESTION 2/8 Quelles difficultés percevez-vous dans les familles proches de vous ? L’Eglise accueille-t-elle ces difficultés et de quelle manière ? Comment l’attention particulière de la part de l’Eglise envers les familles monoparentales peut-elle être perçue ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 6 – Facteurs de pauvreté Il existe … une sensation générale d’impuissance vis-à-vis de la situation socio-économique qui finit souvent pas écraser les familles. Il en est ainsi à cause de la pauvreté et de la précarité de l’emploi qui ne cessent d’augmenter et qui sont parfois vécues comme un véritable cauchemar, ou bien à cause d’une lourde fiscalité qui n’encourage certes pas les jeunes à se marier. Souvent les familles se sentent abandonnées à cause du désintéressement et de la faible attention que leur accordent les institutions.


R/ Il y aurait beaucoup de chose à distinguer. D'abord quand on parle « d’Église ». Il y a l’Église perçue par « les gens ». Chacun pouvant avoir un vécu différent : Église telle que représentée par les média ; Église-hiérarchie ; Église communauté locale de chrétiens... Les communautés chrétiennes sont en général accueillantes, compréhensives et compatissantes pour le vécu particulier de celles et ceux qui sont proches. La hiérarchie cléricale est traversée par des contradictions fortes, entre accueil et intransigeance imbécile, avec toutes les nuances intermédiaires. Le discours ecclésial relayé par les média donne une image d'intransigeance, favorise l'idée que la pratique catholique s'articule autour d'une exigence de conformité à un idéal sexuel unique (ou double s'il on y ajoute l'alternative du célibat consacré). Or, s'il s'agit de préserver l'apparence d'une telle exigence, seule certaines catégories sociales en ont à la fois le loisir, et l'intérêt matériel. Il en découle que l'adhésion à ce discours se rencontre essentiellement dans ces milieux (avec toutes les hypocrisies qui ont tant alimenté la littérature). En effet, le lien est rarement fait parmi les chrétiens entre les difficultés économiques au quotidien, en particulier la précarité, et la difficulté de rester stable pour un couple (pourtant de toutes les cartes démographiques publiées par E. Todd et H. Le Bras, dans le « mystère français », la plus forte corrélation spatiale se trouve entre la carte du chômage et la carte des familles monoparentales). On assiste alors à une disjonction des engagements, où les uns s'engagent « pour les familles », et les autres s'engagent « pour les pauvres ». Ces deux dernières années, on a assisté en France a un véritable paroxysme dans cette schizophrénie ecclésiale entre « chrétiens de gauche » et « chrétiens de droite ».
Il y aurait peut être un renversement des valorisations familiales à opérer. Relativiser l'exemplarité des couples stables, qui le sont souvent plus pour des raisons de patrimoine ou de représentation sociale que par sincère amour et fidélité. Et reconnaître les combats spirituels sincères et valeureux que mènent celles et ceux qui sont dans des situations de vie difficiles, et qui pourtant aiment et croient en l'amour, « même mal ». Ces derniers sont souvent dans la situation paradoxale de manifester une foi ferme, malgré les épreuves, mais d'être considérés, et souvent de se considérer eux-mêmes, comme des gens de mauvaise vie, sans grandeur...

Une tentation guette la société toute entière, qui n'est perçue dans sa cohérence ni par les « chrétiens de gauche », qui luttent contre l'idolâtrie de l'argent-roi, ni par les « chrétiens de droite », qui luttent contre l'idolâtrie du sexe-roi. C'est la tentation de la prostitution généralisée, qui aimerait réduire chaque être humain à un individu-marchandise-consommateur. Il s'agirait de lutter de manière cohérente, à la fois contre le cynisme qui réduit chacun à son rôle économique, et contre le cynisme qui nie et discrédite la possibilité d'un amour gratuit et altruiste dans un couple, et qui fait l'apologie du prédateur sexuel prétendu « libertin ».


QUESTION 3/8 L’Eglise manifeste-t-elle de l’estime envers les différentes formes de relation en dehors du mariage chrétien ? Pour ceux qui vivent des formes de relations autres que le mariage, comment l’Eglise peut-elle révéler cette « divine pédagogie » (n°25) et reconnaître que la grâce de Dieu opère aussi dans leur vie.
TEXTE DE REFERENCE : N° 22 – Le mariage comme le bien suprême de toutes cultures et religions ; respect des dif-férentes forces culturelles Le Concile Vatican II a voulu exprimer son appréciation du mariage naturel et des éléments valables présents dans les autres religions (cf. Nostra Aetate, 2) et dans les cultures, malgré les limites et les insuffisances (cf. Redemptoris Missio, 55). La présence des semina Verbi dans les cultures (cf. Ad Gentes, 11) pourrait aussi être appli-quée, par certains aspects, à la réalité du mariage et de la famille de nombreuses cultures et de personnes non chrétiennes. Il existe, par ailleurs, des éléments valides aussi dans certaines formes se situant hors du mariage chrétien – mais toujours fondé sur la relation stable et vraie entre un homme et une femme -, que nous considérons, quoi qu’il en soit, comme étant orien-tées vers lui. Le regard tourné vers la sagesse humaine des peuples et des cultures, l’Église reconnaît aussi cette famille comme la cellule de base nécessaire et féconde à la coexistence humaine. N° 25. Dans l’optique d’une approche pastorale envers les personnes qui ont contracté un mariage civil, qui sont divorcées et remariées, ou qui vivent simplement en concubinage, il revient à l’Église de leur révéler la divine pédagogie de la grâce dans leurs vie et de leur aider à parvenir à la plénitude du plan de Dieu sur eux. En suivant le regard du Christ, dont la lumière éclaire tout homme (cf. Jn 1, 9 ; Gaudium et Spes, 22), l’Église se tourne avec amour vers ceux qui participent à sa vie de manière incomplète, tout en reconnaissant que la grâce de Dieu agit aussi dans leurs vies (…).



En méditant la guérison du serviteur du centurion, on pourrait envisager une conversion encore plus radicale. Il ne s'agit pas de juger quelle est la proximité des uns ou des autres vis-à-vis de l'idéal que Dieu a prévu pour eux. Il s'agit plutôt de se laisser émerveiller par ce que Dieu manifeste déjà dans ce que vivent les uns ou les autres. « Jamais en Israël, je n'ai vu une telle Foi », a déclaré Jésus à propos du centurion. Pourtant, quelle pouvait être au juste la forme d'amour qu'éprouvait ce centurion pour son esclave, dans le contexte de la romanité de la partie hellénisée de l'Empire ?
Si l’Église a l'intention de révéler une « divine pédagogie », elle doit se mettre humblement à son école. L'enjeu dans les relations humaines comme le mariage, mais comme le célibat consacré, ce n'est pas la forme des relations, c'est le chemin de Foi que ces formes autorisent. Comment apprend-on à mieux se fier à Dieu et à son prochain dans ces voies respectives ? Comment apprend-on à mieux aimer ? Comment se rend-on disponible à la miséricorde de Dieu comme à celle de ses proches ? Comment apprend-on soi-même à être miséricordieux ? Comment apprend-on, en somme, à vivre dans la Foi ? Il y a hors du mariage et hors de l’Église nombre de nos proches qui vivent la Foi par certains côtés mieux que nous. Le dire et le reconnaître ne relativise en rien le mariage et sa dimension sacramentelle. Pas plus que reconnaître la dimension sacramentelle de l'ordre dans le célibat ne diminue celle du mariage. Rentrer dans cette logique supposerait de rentrer dans une pratique forte de la lecture « des signes des temps ». Il ne s'agirait pas pour autant d'être sans exigence, « béni-oui-oui ». Si une Foi authentique peut se manifester hors des cadres reconnus par la Tradition, les dangers du péché y sont aussi présents. Mais ces dangers sont autant présents à l'intérieur des cadres reconnus par la Tradition, d'autant plus quand des formes de pharisaïsme s'attachent à la forme plutôt qu'à l'esprit.







QUESTION 4/8 Que pensez-vous de la proposition de concevoir la préparation au mariage comme un chemin de foi – en lien avec les autres sacrements? Comment est-ce conciliable avec le fait que la plupart des couples reprennent contact avec l’Eglise après une longue période de désintérêts, lorsqu’ils souhaitent un mariage religieux ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 39 – Nouveaux efforts pour faire comprendre le mariage chrétien La situation sociale complexe et les défis auxquels la famille est appelée à faire face exigent de toute la communauté chrétienne davantage d’efforts pour s’engager dans la préparation au mariage des futurs époux. … Un enracinement de la préparation au mariage dans l’itinéraire de l’initiation chrétienne, en soulignant le lien du mariage avec le baptême et les autres sacrements. De même, la nécessité de programmes spécifiques a été mise en évidence pour la préparation proche du mariage, afin qu’ils constituent une véritable expérience de participation à la vie ecclésiale et approfondissent les différents aspects de la vie familiale.


R/ C'est une excellente idée. Non seulement en continuité avec les sacrements de l'initiation, mais aussi en articulation avec le sacrement de l'ordre. Dans quelle mesure cela aiderait à résoudre la crise théologique qui traverse aussi la définition du sacrement de l'ordre ? Une réflexion plus poussée serait nécessaire.
Une certaine fermeté impopulaire me semble néanmoins nécessaire en toute logique : refuser le sacrement du mariage à des couples souhaitant le « mariage à l'église » pour des raisons folkloriques ou superstitieuses. Il ne s'agit pas pour autant de les éconduire. Des bénédictions peuvent être proposées. Une manière d'expliquer ce que représente pour les chrétiens le sacrement du mariage permet peut être de faire prendre conscience à certains que ce n'est pas ce qu'ils veulent à un moment donné, et qu'ils ont peut être besoin de temps pour se sentir prêt à cette dimension-là. Par ailleurs, et peut être en contradiction avec ce qui précède, le parallèle avec la pratique du baptême des nourrisson peut être fait. Le sacrement a une efficacité intrinsèque. Beaucoup de baptisés se rendent compte longtemps après le baptême de l'énormité de ce qu'ils ont vécu, et ressentent le besoin de manifester un renouveau de leur baptême. On pourrait également imaginer de proposer à des couples anciennement marié de redécouvrir et de manifester un renouveau de leur mariage.
Pour continuer les analogies entre sacrements du mariage et sacrements de l'initiation, on peut noter que, chez les romains, on a distribué sur des âges anthropologiquement marquant la célébration du triptyque baptême – communion – confirmation. On pourrait imaginer déployer le sacrement du mariage sur des âges structurants dans la vie d'un couple (fiançailles, mariage, accueil de l'enfant, « maturité », devenir grand-parent ...). L'articulation avec le sacrement de l'ordre pourrait être renforcé dans ce mouvement en liant un de ces temps (maturité?) avec le diaconat, ou un autre ministère...
















QUESTION 5/8 Une simplification de la procédure de déclaration en nullité du mariage pourrait-elle être envisagée comme une voie de soutien ? En quoi ? Comment estimez-vous l’impact d’une déclaration en nullité d’un mariage de longue durée dont sont nés des enfants sur les personnes directement concernées et leur entourage ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 48 – Simplification de la procédure en nullité Un grand nombre de Pères a souligné la nécessité de rendre plus accessibles et souples, et si possible entièrement gratuites, les procédures en vue de la reconnaissance des cas de nullité. Parmi les propositions, ont été indiqués : l’abolition de la nécessité de la double sentence conforme ; l’ouverture d’une voie administrative sous la responsabilité de l’évêque diocésain ; le recours à un procès simplifié en cas de nullité notoire. Certains Pères se disent toutefois contraires à ces propositions, car elles ne garantiraient pas un jugement fiable. Il faut réaffirmer que, dans tous ces cas, il s’agit de vérifier la vérité sur la validité du lien. Selon d’autres propositions, il faudrait aussi considérer la possibilité de mettre en relief, en fonction de la validité du sacrement du mariage, le rôle de la foi des deux personnes qui avaient demandé le mariage, en tenant compte du fait qu’entre baptisés tous les mariages valides sont sacrement.



Résoudre la question des divorcés-remariés par le recours exclusif à la nullité des mariages concernés me semble une facilité dangereuse. Je me base essentiellement sur le témoignage d'une femme victime de violence ne souhaitant pour autant pas s'entendre dire que ce qu'elle a vécu avec cet homme était « nul ».
Jésus a interdit la répudiation unilatérale du mari par la femme. Il le justifie par Gn2, « l'homme et la femme ne font plus qu'une seule chair ». Pour autant, les expériences de séparation ressemble souvent à des expériences de mort. De ce point de vue, exiger des deux partenaires de s'interdire tout nouvel amour de couple, quand les événements qu'ils ont pu vivre avec l'autre peuvent être de l'ordre d'une mort, c'est me semble-t-il condamner cette femme ou cet homme à rester dans un tombeau relationnel. Contradiction énorme quand on prêche la foi en la résurrection.
Envisager un tel cheminement suppose évidemment un engagement de la communauté chrétienne à accompagner celles et ceux qui ont été jadis admis à célébrer le sacrement du mariage. Accompagnement dans le discernement, mais avec des solutions spirituelles pour renaître.

Le coût que peut représenter la procédure de nullité peut constituer en soi une cause de scandale. D'autant plus s'il s'agit de la seule possibilité pour envisager de se séparer de son conjoint tout en étant reconnu par l’Église.
















QUESTION 6/8 Quel accueil l’Eglise réserve-t-elle aux divorcés remariés ? Que pensez-vous de la proposition d’admettre les divorcés remariés à l’Eucharistie après un temps de pénitence ? Que pensez-vous de la proposition d’inciter les divorcés remariés à emprunter le chemin de la communion spirituelle ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 52 et 53 – Divorcés remariés et sacrements La réflexion a porté sur la possibilité pour les divorcés remariés d’accéder aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. Plusieurs Pères synodaux ont insisté pour maintenir la discipline actuelle, en vertu du rapport constitutif entre la participation à l’Eucharistie et la communion avec l’Église et son enseignement sur le mariage indissoluble. D’autres se sont exprimés en faveur d’un accueil non généralisé au banquet eucharistique, dans certaines situations particulières et à conditions bien précises, surtout quand il s’agit de cas irréversibles et liés à des obligations morales envers les enfants qui viendraient à subir des souffrances injustes. L’accès éventuel aux sacrements devrait être précédé d’un cheminement pénitentiel sous la responsabilité de l’évêque diocésain. La question doit encore être approfondie, en ayant bien présente la distinction entre la situation objective de péché et les circonstances atténuantes, étant donné que « L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées » par divers « facteurs psychiques ou sociaux » (Catéchisme de l’Église Ca-tholique, 1735). Certains Pères ont soutenu que les personnes divorcées et remariées ou vivant en concubi-nage peuvent recourir de manière fructueuse à la communion spirituelle. D’autres Pères se sont demandés pourquoi, alors, elles ne pouvaient accéder à la communion sacramentelle.

Favorable à l'accueil des divorcés-remariés à la table eucharistique. S'ils n'en sont pas dignes, qui dans la communauté le seraient ?


QUESTION 7/8 Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne ont exprimé les Pères synodaux: sommes-nous en mesure de les accueillir en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés? Que peuvent-ils apporter à la communauté chrétienne ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 55 – Attitude à adopter vis-à-vis de l‘homosexualité Dans certaines familles, des personnes ont une orientation homosexuelle. À cet égard, nous nous sommes interrogés sur l’attention pastorale à adopter face à ces situations, en nous ré-férant à l’enseignement de l’Église : « Il n'y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille ». Néanmoins, les hommes et les femmes ayant des tendances homosexuelles doivent être accueillis avec respect et délicatesse. « À leur égard, on évitera toute marque de discrimination injuste »

R/ En préalable, il me semble qu'il ne faudrait pas passer d'une caricature à l'autre. S'il est heureux de cesser de caractériser l'homosexualité comme une pathologie psychiatrique, il est dangereux de la considérer comme une nature déterminant des comportements et une forme de vie. Il est important de ne cesser d'affirmer la grande liberté de chacun. Pour apprendre cette liberté spirituelle, dans les âges de transition, il est peut être utile que l’Église se donne plus les moyens de proposer un accompagnement spirituel approprié, c'est à dire libérant et apaisant, aux jeunes.

Au cours de son histoire, l’Église a su innover des formes de vies fondées sur l'amour qui ont fait scandale en leur temps, car elles contrevenaient au modèle familial dominant de l'époque : célibat consacré, communauté « homogenre » abstinente, et même le mariage fondé sur le consentement mutuel des époux. Quels sont les critères qui ont conduit l’Église non seulement à reconnaître, mais aussi à encourager et encadrer spirituellement ces formes de vie ? Le chemin de Foi possible et la fécondité spirituelle que manifestaient certain(e)s dans ces voies. Il me semble que c'est avec les mêmes critères qu'il faudrait s'interroger pour l'accueil des personnes homosexuelles. Il n'y a pas de cadre unique dans lequel peuvent s'épanouir des « personnalités à orientation homosexuelle ». Le célibat abstinent peut être tout aussi exigent et épanouissant pour un(e) homosexuel(le) que pour un(e) hétérosexuel(le). Une relation de fidélité dans un couple se distinguera évidemment des potentialités biologiques que peuvent expérimenter un couple hétérosexuel. Mais un couple homosexuel désirant un enfant vivra les mêmes épreuves qu'un couple hétérosexuel stéril. L'adoption a été pratiquée par des personnes stériles, soit par choix, soit de fait, sans que cela ne pose problème jusqu'à récemment. Je n'ai jamais entendu dire que les prêtres qui ont été amené à adopté un neveu suite au décès de ses parents aient causé des troubles psychologiques majeur du fait qu'il n'a pas apporté de référent féminin à l'enfant. Il est aujourd'hui étonnant que cette inquiétude cristallise l’opposition de certains à l'adoption par des couples homosexuels.
Le travail spirituel qui me semble utile entre les personnes homosexuelles et l'Eglise porte sur la question qui se pose par ailleurs à tous baptisés : comment vis-tu ta foi ? Avec Dieu ? Avec les autres ? Des spécificités évidentes, en difficultés propres comme en fécondités particulières sont à identifier, et à accompagner de la manière la plus ajustée, dans le discernement ecclésial.

QUESTION 8/8 Comment promouvoir un enseignement à la paternité responsable à la lumière de l’encyclique Humanae Vitae ? Les prescriptions du magistère sur les méthodes naturelles de contraception sont-elles réalistes ?
TEXTE DE REFERENCE : N° 58 - Dans ce domaine aussi, il faut partir de l’écoute des personnes et donner raison de la beauté et de la vérité d’une ouverture inconditionnelle à la vie comme ce dont l’amour humain a besoin pour être vécu en plénitude. C’est sur cette base que peut reposer un enseignement approprié quant aux méthodes naturelles de procréation responsable. Il s’agit d’aider à vivre d’une manière harmonieuse et consciente la communion entre les époux, sous toutes ses dimensions, y compris la responsabilité d’engendrer. Il faut redécouvrir le message de l’Encyclique Humanae Vitae de Paul VI, qui souligne le besoin de respecter la dignité de la personne dans l’évaluation morale des méthodes de régulation des naissances. L’adoption d’enfants, orphelins et abandonnés, accueillis comme ses propres enfants, est une forme spécifique d’apostolat familial (cf. Apostolicam Actuositatem, 11), plusieurs fois rappelée et encouragée par le magistère (cf. Familiaris Consortio, 41 ; Evangelium Vitae, 93). Le choix de l’adoption et de se voir confier un enfant exprime une fécondité particulière de l’expérience conjugale, et non seulement quand celle-ci est marquée par la stérilité. Ce choix est un signe éloquent de l’amour familial, une occasion de témoigner de sa foi et de rendre leur dignité filiale à ceux qui en ont été privés.

En préalable, j'interrogerais la pertinence (voire la sincérité) logique de la promotion de la méthode dite du calendrier pour convenir à « une ouverture inconditionnelle à la vie ». Si un couple décide des moments des relations sexuelles en référence à la non-fertilité de la femme, en quoi ce couple est-il plus « ouvert à la vie » qu'un couple qui rend l'un ou l'autre de ses partenaires stériles par des moyens chimiques, ou bien qui empêche la rencontre des gamètes par des moyens mécaniques ?
Les intentions ne sont-elles pas les mêmes ?
A fortiori, la parentalité responsable suppose aussi de se soucier de la dignité matérielle, intellectuelle et spirituelle des enfants à venir.
Cela supposerait-il que l'abstinence deviendrait la seule solution passé un certain nombre d'enfant ? Un discours spécifique sur la dimension spirituelle de l'acte sexuel, en dehors de la potentialité de la conception, est nécessaire. Il s'agit d'un moyen (parmi d'autre) de communiquer son amour dans un couple. Il y aurait à convertir le « devoir conjugal ». Rendre d'abord impossible, et même scandaleux, l'invocation de ce devoir pour justifier les violences conjugales. Peut être ré-habiter la notion d'obéissance entre époux, à la lumière de la spiritualité vécue et travaillée par les religieux, autour de l'écoute jusqu'au bout, mais sans abandon par aucun des époux de sa liberté.
L'enjeu des moyens de contraception et de choix d'accueillir un enfant doit donc absolument être indissociable d'un dialogue respectueux et confiant sur la sexualité, envisagée aussi et autant comme un des lieux de la respiration spirituelle du couple. Ce dialogue gagnerait à avoir des lieux de médiation, et/ou d'ouverture avec tiers (groupe de partage, accompagnement spirituel de couple, etc.). Ce qui se pratique déjà, et qui est donc à encourager.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire